Thursday, December 8, 2011

INTERVIEW



INTERVIEW
23/03/2008

Wassim Sookia : « Je ne fais pas de films pour gagner… »




Vous êtes un habitué des récompenses, voire même le chouchou
de la MFDC, car vous obtenez toujours des prix lors de ses concours…

C’est parce que derrière chaque film que je présente, il y a un gros travail. Je mets tout le temps la barre très haut, et c’est la raison de mon succès. J’essaie de ne pas cantonner mes films qu’au concours de la MFDC, mais de l’exporter vers d’autres concours ou festivals étrangers. Et souvent, le film est revenu avec des mentions. Tanga était en sélection officielle au Festival international du film court à Mesnil-le-Roi, par exemple


Chaque prix est-il une surprise pour vous ?

C’est une surprise et un extrême contentement à chaque fois. Mais je ne fais pas de film pour gagner des prix, mais pour « fer dimoune contan ». Et chaque prix est une grande récompense pour tous les efforts déployés dans la réalisation d’un film de qualité et qui tient la route.


Quelle est votre recette pour remporter des prix ?

Ne pas viser le prix justement. Le film doit briller avant tout. Mon objectif est de faire un bon film, d’y mettre tout son jus, l’exigence et la volonté. Si on gagne, tant mieux.


Vous avancez réaliser des films pour les gens, mais vous avez aussi dit que vous ne ferez pas de film sans concours ?

Bien sûr. Pourquoi faire un film, si je ne sais pas où je vais le diffuser. Je ne vais pas aller frapper à la porte de la MFDC pour savoir comment le projeter, ou me casser la tête pour le faire diffuser sur la MBC…
Et que pensez-vous du concours de films de la MFDC ?

C’est le genre de concours qui permet au cinéma local de cogiter et de se perpétuer.


Votre court-métrage Rouzblézonnver a récolté cinq récompenses et a amassé au total une coquette somme. Qu’allez-vous en faire ?

Payer quelques dettes et investir dans des matériels et des équipements qui serviront comme bonus pour faire des films plus organisés. C’est un encouragement pour continuer à avancer. Toutefois, je préfère être un cinéaste « dan la peine », car trimer pour faire un film, apporte une autre satisfaction lorsqu’on reçoit un prix.


On ne voudrait pas être mauvaise langue, mais à part quelques privilégiés, le public n’a pu apprécier votre film pour s’en faire un avis…

Moi aussi je tiens à ce que les gens regardent le film pour se faire une opinion, mais je ne sais pas quand cela va être projeté ou diffusé. Mais sans vouloir défendre la MFDC, je pense que la projection n’a pas été possible premièrement parce que la date limite pour la soumission des films a été repoussée. Et aussi à cause du cyclone et du temps pluvieux qui ne permettaient pas de tournage.

L’Award Nite s’est également faite dans l’urgence, car la MFDC voulait qu’elle se tiennent dans la semaine du 12 mars, car le concours tournait autour du thème Nu pei, nu fierte. Enfin, s’il fallait diffuser le film lors de l’Award Nite, il y aurait eu sept films de 26 minutes à projeter… Donc, je pense que c’est tout un amas de choses qui n’a pas permis à la MFDC de projeter les films encore.


En attendant de le voir, parlez-nous de votre film…

Rouzblézonnver raconte l’histoire d’un père qui a promis à son fils un drapeau surprise pour la fête de l’indépendance. Il a cousu le drapeau et s’apprête à aller le chercher — les parents du garçon sont divorcés — pour l’emmener au Champs de Mars pour fêter l’indépendance. Mais en route, le drapeau se perd et ainsi débute l’histoire.


Est-ce qu’après vos films Tanga et Eros, votre film Rouzblézonnver, se situe dans une mouvance cinématographique que vous prônez ?

Je suis fan des films indépendants, et je pense que mes films reflètent cela. Je n’ai pas trouvé de points communs entre mes trois films, mais certaines personnes me disent qu’il y en a. Mes films ont des choses à dire, des messages à faire passer, mais ont aussi pour but de plaire. J’essaie de faire des films qui feront réfléchir et qui laisseront une marque. Mais qui apporteront aussi un message positif.


Vous êtes donc un cinéaste positif ?

Le film Tanga l’est, mais Eros est un peu plus sombre. Même si Eros n’a pas un happy ending, j’aime cet aspect « main de Dieu » que j’inclus dans mes films. Par exemple, dans Tanga, le garçon sacrifie l’argent qu’il avait gagné dans le but de s’acheter des chaussures de foot, pour aider ses parents à payer une dette. Il ne peut réaliser son rêve, mais l’aspect positif est qu’il porte des tangas comme la petite Sarah qu’il apprécie beaucoup. Cela laisse les spectateurs sur une note agréable.


Le ministre de l’Industrie, Rajesh Jeetah annonce un fonds pour les films. Christian Nayna, président d’administration de la MFDC, parle d’ateliers d’écriture de script. Vous prenez-vous à rêver que l’audiovisuel local décolle fermement ?

J’espère que ces discours ne sont pas des paroles en l’air. Qu’ils vont les tenir. Cela aidera les cinéastes locaux à avancer. Croisons les doigts.






Le palmarès

● Meilleur réalisateur : Wassim Sookia pour Rouzblézonnver.

● Meilleur script : Stephane Bellerose, Emilien Jubeau et Gavin Cooposamy pour La Ronde du bonheur.

● Meilleur photo : Wassim Sookia pour Rouzblézonnver

● Meilleur acteur : Marcio Isnard pour Rouzblézonnver.

● Meilleure actrice : Marie Mylena Jade Lufor pour Le chant du dodo.

● Meilleur monteur : Wassim Sookia pour Rouzblézonnver.

● Meilleure bande son : In – Out Production pour Rouzblézonnver.

● L’espoir féminin : Vinaya Sungkur dans La bourse ou la vie.

● L’espoir masculin : Stanford Patrice Uppiah dans La ronde du bonheur.

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